Cet article américain paru en 2023 dans Pediatric Neurology aborde l’intérêt du recours à la toxine botulique chez les enfants et adolescents en situation de migraine chronique (plus de 15 jours de céphalées par mois dont au moins 8 jours de céphalées migraineuses) ; pour rappel, en France, cette prescription est pour le moment réservée à l’adulte.
Néanmoins, la migraine chez l’enfant, très probablement sous estimée, a un impact majeur sur la vie quotidienne. Il n’y a pas de recommandations spécifiques sur l’usage du traitement préventif de la migraine. Chez l’adulte, la toxine botulique est un traitement de choix pour la migraine chronique, en recourant au schéma d’injections de l’étude PREEMPT (155 unités injectées par session). Pour la migraine chronique, des études étrangères ont montré sur de petits effectifs de patients de bons résultats de toxine botulique chez des enfants / adolescents.
L’étude décrite dans l’article a eu lieu aux Etats Unis, a concerné des adolescents en situation de migraine chronique pris en charge dans des centres médicaux dépendant de l’armée américaine. Les patients recevaient des injections toxine botulique selon 3 schémas d’injection possible (injections aux endroits douloureux uniquement ou schéma PREEMPT ou schéma PREEMPT allégé (100 unités)) Ils étaient ensuite suivis et l’on notait l’évolution concernant leurs céphalées, leur vie quotidienne, leur scolarité, les effets indésirables liés aux injections. On considérait la toxine comme efficace si elle permettait une réduction de moitié de la fréquence des céphalées par mois.
51 patients ont été recensés, majoritairement des filles, âgés de 13 à 17 ans. Ils présentaient en moyenne 24 jours de céphalées par mois, 70% d’entre eux avaient des céphalées en continu. Ils avaient déjà essayé plusieurs traitements de fond.
Presque 1/3 des patients a suivi le schéma d’injection aux endroits douloureux ; 16% le schéma complet PREEMPT, 53% le schéma allégé PREEMPT. 70% des patients a vu ses céphalées diminuer de moitié (en moyenne -13 jours de céphalées), tous schémas confondus. Le schéma PREEMPT complet était le plus efficace (100% de réussite, versus 69% pour le schéma d’injections aux endroits douloureux, et 59% pour le schéma PREEMPT allégé). Presque 80% des patients avec céphalées continues avait une amélioration nette des symptômes. Peu d’effets indésirables ont été constatés : des douleurs cervicales modérées chez un patient, des céphalées après les injections, sans efficacité de la toxine chez un autre.
Cette étude est donc très intéressante car elle souligne l’utilité de la toxine botulique dans le traitement de la migraine chronique chez l’enfant, avec un bon profil de tolérance.
(Merci à la SFEMC qui a mis cet article dans sa bibliographie)
David E Horvat, Justin M Shields, William WC Young, Philip G Eye
Pediatric neurology 147 (2023) 68-71